Portrait de Dante Alighieri (1265-1321) par Andrea del Castagno à la Galerie des Offices, Florence
Portrait de Dante Alighieri (1265-1321) par Andrea del Castagno à la Galerie des Offices, Florence

Dante : un monde uni pour la paix

« Si le monde actuel s’égare, la cause en est en vous. C’est en vous qu’il faut la chercher ».

Dante Alighieri (1265-1321), De Monarchia.

Dans la lutte qui opposa Guelfes partisans du pouvoir temporel du Pape, et Gibelins partisans de l’Empire, Dante ne cessa de défendre l’idée de l’unité du monde sous la seule autorité de l’Empereur. Pour lui et les Fidèles d’Amour, c’est le seul moyen de mettre fin aux guerres. À la veille du couronnement du futur Empereur Henri VII de Luxembourg, Dante consigna sur le papier sa représentation d’un monde enfin pacifié.

Son ouvrage « La Monarchie » semble n’avoir pour seul but que de convaincre de la nécessité d’un seul monarque pour tous les hommes. Sa critique de la démocratie nous rappelle les arguments de Pythagore : la démocratie donnerait à une majorité d’ignorants de la politique le pouvoir de choisir leurs dirigeants, favoriserait le népotisme, encouragerait la lutte pour le pouvoir de quelques-uns au détriment de l’intérêt collectif. Mais il passe rapidement et à dessein sur ce point, et s’attache à démontrer l’importance d’un monarque unique ayant autorité sur toute l’humanité, seul garant de la paix.

Nous trouverons, pour la même raison, ce désir d’une autorité suprême, l’Empereur, exprimé dans la Fama Fraternitatis, premier (1614) des trois Manifestes qui ont fait connaître l’expression « rose-croix ». Mais il s’agira alors d’une « quatrième monarchie », expression qui désigne une monarchie élective, le monarque étant élu par ses pairs. Il ne s’agit donc pas d’une élection au suffrage universel mais plutôt d’un système censitaire à degrés et l’humanité ne serait pas soumise au bon désir d’un monarque sans contrôle qui serait alors un tyran, comme le précise Dante dans « La Monarchie (Œuvres complètes, La Pléiade, p. 637 et suiv.) : « le terme extrême proposé à la puissance de l’humanité même est la puissance ou vertu intellective. Et parce que cette puissance ne peut d’un seul coup se réduire tout entière en acte par le moyen d’un seul homme ou de l’une des communautés particulières distinguées plus haut, il est nécessaire qu’il règne dans le genre humain une multitude par le moyen de laquelle soit mise en acte cette puissance tout entière (…) le genre humain trouve la plus parfaite aisance et liberté possible lorsqu’il peut dans le repos, c’est-à-dire la tranquillité de la paix, s’adonner à sa besogne propre ».

Dante et la Paix Mondiale

Toute l’existence de Dante a été conditionnée par un choix politique : celui du parti Gibelin favorable à une autorité politique temporelle, celle de l’empereur, opposé au parti Guelfe qui accordait la primauté du pape sur toute autre forme d’autorité.

Si l’on remonte plus avant dans l’histoire, la revendication des papes sur l’autorité temporelle en Occident date de la prétendue Donation de Constantin en 315 : l’empereur Constantin aurait accordé au pape Sylvestre l’Imperium (pouvoir civil dans l’Empire, militaire au-dehors) sur la partie occidentale de l’Empire Romain. C’est vers l’an mille que les papes mirent en avant cette revendication, et il fallut attendre 1440 pour que l’humaniste italien Laurent Valla démontre qu’il s’agissait d’un faux. À l’époque de Dante le débat non résolu fut la cause de guerres en Italie. La guerre, c’est justement ce que Dante souhaite éradiquer.

En l’an 1310, le Saint Empire Romain Germanique a enfin un nouvel empereur, après plus de 50 ans de vacance du titre. C’est à cette époque que Dante écrit la Monarchia, argumentant en faveur d’un empereur gouvernant (idéalement du moins) le monde entier, et assurant ainsi la paix. On retrouvera sensiblement le même choix, et pour les mêmes raisons, chez les auteurs du texte qui fit connaître l’existence de la Rose-Croix en 1614, la Fama Fraternitatis. Pour les rose-croix de 1614 ce choix tient en deux points : une autorité religieuse sans emprise sur le pouvoir temporel ; l’instauration de la « quatrième monarchie », soit une monarchie constitutionnelle et un empereur élu.

Le Collège Invisible de France a défini les bases de son travail pour les années à venir dans un ouvrage intitulé Manifeste 2023 : résurgence de la Rose-Croix*. Vous trouverez dans cet ouvrage la pensée rose-croix telle qu’elle s’est développée au cours des siècles, et la façon dont elle pense devoir s’intégrer dans le monde d’aujourd’hui. Vous trouverez sur ce site de nombreux extraits de cet ouvrage.

Bienvenue au Collège Invisible de France.

*Éditions Aquilonia, 2023  

 Cliquer sur l’image pour retrouver le livre sur le site des éditions Aquilonia  =>

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