
Les rosicruciens — et a fortiori les rose-croix — ne parlent pas de Dieu, mais préfèrent évoquer un Principe Créateur sans représentation particulière, puisqu’il échappe totalement à notre compréhension. Par commodité ils l’appellent parfois le Divin, et lorsqu’ils évoquent son action dans le monde phénoménal (l’univers dans lequel nous évoluons) ils l’appellent Conscience Cosmique.
La question de l’existence du Divin ne se pose pas, puisqu’elle ne peut connaître de réponse. Elle est donc laissée à l’appréciation de chacun. En revanche, le monde phénoménal fait l’objet d’études complexes et décomplexées, puisqu’à la Rose-Croix on trouvera aussi bien des chercheurs en physique, chimie, médecine, psychologie, biologie ou astronomie, que des astrologues, coupeurs de feu, géobiologues ou médiums, pour ne citer que quelques exemples. Leur point commun est de s’appuyer sur l’observation et l’analyse des résultats obtenus. Ainsi approche physique et métaphysique se côtoient et comparent leurs résultats, parfois avec étonnement, comme lorsque le médecin constate une diminution spectaculaire des effets secondaires d’une radiothérapie après le passage d’un coupeur de feu, ou lorsque le statisticien remarque des concordances entre certains signes du zodiaque et la profession des individus.
Si le Divin semble inaccessible au rosicrucien, ses manifestations dans notre monde lui sont connues. Elles prennent pour lui la forme de connexions. En voici quelques exemples :
Le psychanalyste Carl Gustav Jung a mis en évidence ce qu’il a appelé des synchronicités. Robert Amadou (Parapsychologie, 1954) y fait référence en ces termes : “Nous croyons volontiers que les techniques d’apparence rationnelle dont nous soulignons ailleurs la présence dans les pratiques divinatoires sont fondées sur le principe des correspondances universelles, ou, pour reprendre le mot de Jung, sur la synchronicité”.
Comment est-ce possible ? Et que sont ces “correspondances universelles ” ? On peut trouver une explication dans une approche mathématique appelée la théorie des jeux.
Selon cette théorie, on peut définir deux types de jeux : ceux qui sont délimités dans leur nombre maximum de combinaisons et qui appartiennent à un univers fini, et ceux qui, se développant dans un univers infini, ont un nombre illimité de combinaisons possibles.
Exemple de jeu dans un univers infini : le jeu de ricochets sur l’eau. On peut continuer indéfiniment à prendre des cailloux et les faire ricocher sur un plan d’eau. En théorie tout au moins, puisqu’on peut ne plus trouver de cailloux à lancer, ou imposer des règles (définir un nombre de lancers maximum pour une partie, et compter le nombre de ricochets par exemple).
Exemple de jeu dans un univers fini : le jeu d’échecs. Le plateau ne peut avoir que 64 cases et le nombre et la fonction de chaque pièce sont définis de manière intangible. On peut donc évaluer le nombre de combinaisons possibles, et par conséquent prédire le résultat d’une partie tant que les règles sont respectées et si les joueurs ne jouent pas de façon irrationnelle. Il en est de même pour les jeux de cartes, raison pour laquelle il est interdit aux joueurs de compter les cartes.
La question qui se pose est donc celle-ci : notre univers est-il fini ou infini ? S’il est infini, il est impossible d’y effectuer des prévisions ; s’il est fini, en revanche, tout peut être prédit ! Certaines théories astronomiques supposent un univers infini, tandis que d’autres considèrent qu’il est fini : l’Univers serait en expansion depuis le Big Bang, son expansion se ralentirait du fait de sa propre masse et de l’attraction subie de son voisin par chaque atome, tous les atomes de l’Univers finissant par se rejoindre en un point unique. Rassurez-vous, cela ne se produirait que dans plusieurs milliards d’années.
Ainsi, la présence divine dans notre univers ne serait qu’une gigantesque interconnexion de tous les éléments qui le composent ? Ou plus précisément : ces éléments n’existeraient que virtuellement, et seules les interactions en seraient la manifestation ? C’est la théorie retenue par les rose-croix. Et cette “gigantesque interconnexion”, les rose-croix l’appellent “Amour Absolu”.
On trouve là une explication possible des phénomènes parapsychologiques de guérison ou de divination : le praticien agirait en concordance avec l’univers proche du sujet. Et le Divin dans tout cela ? Il est partout dans cet Univers créé à son image, et en même temps il est extérieur à cet Univers. C’est ce que le prologue de l’évangile selon Jean cherche à nous faire comprendre : “Au commencement était le Logos ; le Logos était auprès du Divin, et le Divin était le Logos”.
Ainsi notre monde aurait été créé par le Divin qui se serait projeté en-dehors de Lui, à travers le Logos constitué d’interactions associées dans un rapport “logique“. Notez que ce dernier mot dérive de Logos, tout comme le mot loge qui définit une représentation symbolique du monde phénoménal, tant à la Rose-Croix qu’en Franc-maçonnerie. Sri Aurobindo (Aperçus et pensées, 1938) écrivait : « C’est parce que cet univers est impossible que Dieu l’a créé en-dehors de Lui ». Comprenne qui pourra…
Le Collège Invisible de France a défini les bases de son travail pour les années à venir dans un ouvrage intitulé Manifeste 2023 : résurgence de la Rose-Croix*. Si vous souhaitez vous investir dans cette construction, vous trouverez dans cet ouvrage un cadre présentant la pensée rose-croix telle qu’elle s’est développée au cours des siècles, et la façon dont elle pense devoir s’intégrer dans le monde d’aujourd’hui. Vous trouverez sur ce site de nombreux extraits de cet ouvrage.
Bienvenue au Collège Invisible de France.
*Éditions Aquilonia, 2023
Cliquer sur l’image pour retrouver le livre sur le site des éditions Aquilonia =>