d'où vient la règle des 108 ans des rosicruciens ?
Héraclite (Raphaël, l'école d'Athènes)

Le cycle de 108 ans

Le mouvement Rose-Croix a la particularité de suivre un cycle de mises en sommeil, appelées transitions, et de renouvellements, appelés résurgences. Ceux-ci se suivent selon un rythme immuable que les pythagoriciens expliquaient en s’appuyant sur leur foi en la réincarnation. Selon eux, en effet, chaque individu meurt puis renaît 216 ans après sa mort. Ce nombre correspond à la dixième partie d’une ère, chaque ère valant la douzième partie d’une Grande Année. Rappelons dès à présent que, la Rose-Croix étant adogmatique, la croyance en la réincarnation n’a jamais été une obligation.

Les lignes qui suivent sont extraites du Manifeste 2023, pages 21 à 23.

La Grande Année est le temps qu’il faut à la Terre pour tourner autour de son axe, à la manière d’une toupie, jusqu’au moment où le ciel retrouve la même position apparente. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui la précession des équinoxes. 

On peut être étonné de voir un tel calcul établi à l’époque de Pythagore, soit il y a plus de 2500 ans. On le sera plus encore en apprenant que le mouvement de précession des équinoxes n’a été décrit que 400 plus tard, en – 140, par l’astronome Hipparque qui en donnera une durée assez précise : 25 920 ans.

Platon y fait référence dans son dialogue ”Timée”, et l’astrologue et astronome Claude Ptolémée vulgarisera le terme d’”ère”, période correspondant au douzième de la Grande Année, soit 2160 ans, et associée à chaque signe. Selon cette définition, nous quittons actuellement l’ère des Poissons, et nous engageons dans l’ère du Verseau.  Mais Platon et Ptolémée n’ont fait que révéler des connaissances transmises jusqu’alors dans les cercles plus restreints des écoles de mystères, et plus tôt encore dans les temples égyptiens et mésopotamiens.

Pythagore, qui avait étudié auprès des prêtres en Égypte et en Perse, connaissait ces références à la Grande Année et à ses subdivisions. Il avait enseigné à ses disciples le symbolisme de la Tetraktys, représentation des nombres de 1 à 10 disposés sous forme de nombre triangulaire d’indice 4, composé de 10 pierres, chacune correspondant pour lui à une étape du cycle de réincarnations pour l’humanité. Ainsi, convaincu que chaque individu était appelé à revenir dans le monde des vivants tous les 216 ans, après un passage plus ou moins long dans le monde des morts, a-t’il imposé à sa Fraternité un rythme de présence “visible” de 108 ans suivie d’une présence “invisible” consacrée à un travail personnel et à la conservation du savoir acquis — on retrouve ici l’expression “présence visible et invisible” figurant sur les affiches placardées sur les murs de Paris au début du 17e siècle. Cette règle permet de comprendre pourquoi sa pensée connut une popularité plus grande avec Platon, qualifié de néo-pythagoricien, puis de Plotin, lui-même néo-platonicien, avec chaque fois des écarts d’environ deux siècles. 

Pour les pythagoriciens ce cycle avait plusieurs utilités. 

— de façon générale, il permet à chaque Frater (ou chaque Soror, les fraternités étant mixtes à l’époque comme aujourd’hui, mais réduites aux hommes à d’autres moments, selon les contraintes du temps) de participer, après 216 ans, aux travaux de la Fraternité avec les personnes, réincarnées, qui composaient 216 ans plus tôt la fraternité à laquelle elle ou il appartenait. L’ensemble de la Fraternité peut ainsi progresser, d’incarnation en incarnation. N’oublions pas que la Rose-Croix est adogmatique, et que par conséquent la croyance en la réincarnation n’a jamais été une obligation. 

— d’autre part, elle impose de réécrire les enseignements et de les adapter aux conditions et aux besoins de l’époque nouvelle.  — enfin, elle réduit le risque d’enfermement de la Fraternité dans un système où une minorité, par le jeu des alliances familiales et des intérêts “profanes”, viendrait à la contrôler et la détourner de sa fonction d’élévation de la conscience collective par une démarche personnelle.  Les progrès de la science en général et de l’astronomie en particulier, depuis la Renaissance, ont permis de préciser la durée de la Grande Année, estimée aujourd’hui à 25 769,42 ans et non plus 25 920 années comme au temps des Pythagoriciens. Cette durée est susceptible de varier légèrement sous l’influence du mouvement des astres.

Le cycle de la Rose-Croix a donc été recalculé, il est maintenant établi précisément à 107 ans et 136 jours, ce qui explique que, depuis l’amélioration des connaissances en mathématique et astronomie du XVIIème siècle, les intervalles entre les résurgences soient parfois de 107 années civiles plutôt que de 108 ans. La date d’une résurgence étant aussi fixée en fonction de considérations astrologiques, la durée d’un cycle peut être rallongée ou raccourcie de plusieurs mois. 

Le Collège Invisible de France a défini les bases de son travail pour les années à venir dans un ouvrage intitulé Manifeste 2023 : résurgence de la Rose-Croix*. Si vous souhaitez vous investir dans cette construction, vous trouverez dans cet ouvrage un cadre présentant la pensée rose-croix telle qu’elle s’est développée au cours des siècles, et la façon dont elle pense devoir s’intégrer dans le monde d’aujourd’hui. Vous trouverez sur ce site de nombreux extraits de cet ouvrage.

Bienvenue au Collège Invisible de France.

*Éditions Aquilonia, 2023  

 Cliquer sur l’image pour retrouver le livre sur le site des éditions Aquilonia  =>