Demandez à un rosicrucien ou à un franc-maçon s’il y a un lien entre leurs fraternités, et vous aurez de part et d’autre une réponse très évasive, voire une opposition, le plus souvent par ignorance. Pour de nombreux francs-maçons, le mot rose-croix a été inventé par un groupe de protestants Allemands du début du 17e siècle réunis dans ce que l’on a appelé le “Cercle de Tübingen”. Pour de nombreux rosicruciens, la franc-maçonnerie est une organisation tentaculaire, aux ambitions politiques secrètes, souvent athée et perçue comme hostile à toute spiritualité. Somme toute, une image largement répandue dans la population.
Disons-le tout de suite : tous ont tort, et on doit s’étonner d’une telle ignorance réciproque.
Le Manifeste 2023, pour la première fois, fait plus que lever le voile sur ce qui ressemble à une vieille querelle familiale dont personne n’a envie de parler. Il explique en détail comment la Rose-Croix a gagné ce nom mystérieux à la fin du 16e siècle, ce qu’elle était avant, ses origines remontant à la plus ancienne antiquité, et comment se fit en Écosse sa rencontre avec la Franc-Maçonnerie, une association de constructeurs dont les origines remontent aussi à un très lointain passé. Il révèle aux francs-maçons bien des choses qu’ils ignorent sur leur propre histoire : l’origine rose-croix du grade de Maître, du Mont Heredom (que l’on aurait bien du mal à trouver en Écosse), des Hauts Grades du Rite Écossais Ancien et Accepté, et pourquoi le 5e Ordre de Sagesse du Rite Français n’est jamais devenu l’Aréopage qu’il était censé devenir. Il donne aussi la raison de la double organisation séparant “loges bleues” et “Hauts Grades“.
Bien des frères et sœurs en maçonnerie, fratres et sorores des mouvements rosicruciens, ignorent que l’on peut être à la fois l’un et l’autre. Ainsi, Harvey Spencer Lewis fut 95e dans le rite maçonnique de Memphis Misraïm et Imperator de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix, tandis qu’Oswald Wirth, qualifié par certains de “rénovateur de la Franc-Maçonnerie”, a été à la fois franc-maçon et secrétaire de l’Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix. Nous pourrions citer des centaines d’exemples du même ordre, encore aujourd’hui.
La rencontre entre francs-maçons et rose-croix eut lieu entre 1593 et 1603 en Écosse, et elle est le fait du roi Jacques VI d’Écosse, qui deviendra en 1603 Jacques Ier d’Angleterre. Des échanges réciproques se poursuivirent ensuite durant tout le 17e siècle. Voici ce qu’en dit le Manifeste 2023 :
“1593 : Selon une tradition transmise depuis 1843 dans certaines loges maçonniques pratiquant un Rite “écossais”, Jacques VI d’Écosse réunit 32 descendants des chevaliers pour qui Robert Bruce fonda, en 1314, l’”Ordre du Chardon”pour créer “The Royal Order of the Rose Cross”. Il s’agissait alors de réunir en un Ordre les Templiers venus se réfugier en Écosse après la dissolution du Temple et le supplice de leur Grand maître brûlé vif à Paris la même année. Ils avaient fait souche en Écosse, et ont joué, toujours selon cette tradition, un rôle décisif en 1314 lors de la bataille de Bannockburn. C’est en substance ce qu’écrivait Robert Ambelain dans son ouvrage “Les maîtres écossais”(…)
“C’est en 1598 que l’expression “Rose-Croix” apparut au grand jour, si l’on en croit A.-E. Waite”, écrit Robert-Freke Gould dans son “histoire abrégée de la Franc-maçonnerie”. Pourquoi un tel secret, sinon pour conserver toute discrétion sur l’origine et la finalité de cet ordre ? Et pourquoi un terme si mystérieux, apparu en Écosse vingt ans avant la publication des manifestes du Cercle de Tübingen ? Waite ne nous le dit pas plus qu’il nous explique l’origine de ce terme. Et pour cause, puisqu’il s’agit du secret le mieux gardé de la Rose-Croix, celui qui permet aujourd’hui encore à un Rose-Croix d’en reconnaître un autre “pour tel”, comme disent les francs-maçons.”
Et page 31 : “En 1603, Jacques VI d’Écosse devenait Jacques Ier d’Angleterre en succédant à Élisabeth Ière. À partir de cette date, il fut le protecteur de la maçonnerie anglaise. Ajoutons qu’il a été “fait” maçon dans la loge de Scone et Perth par John Mylne, en 1601 selon Lambros Couloubaritsis*, en 1603 selon Wyatt Papworth et D. Murray Lyon.
Prenant modèle sur leur roi, les chevaliers de l’ordre de la Rose-Croix se firent accepter dans les loges maçonniques, ce qui a naturellement occasionné une pénétration progressive des idéaux et symboles R+C dans la maçonnerie. C’est ainsi que la maçonnerie “opérative” est devenue progressivement “spéculative” au contact de ces initiés Rose-Croix qui ont été reçus en Loge. Imparfaite, cette transmission donna lieu à une multitude de degrés, en particulier à ceux qui contenaient des références à la Rose-Croix, à Pythagore, à Jean l’évangéliste, ou à Eridu. Les uns et les autres prirent conscience que leur savoir a une même origine, très ancienne, que les franc-maçons rattachent à la construction du Temple de Salomon. On verra plus loin que leur origine commune est bien antérieure”.
Le Collège Invisible de France a défini les bases de son travail pour les années à venir dans un ouvrage intitulé Manifeste 2023 : résurgence de la Rose-Croix*. Si vous souhaitez vous investir dans cette construction, vous trouverez dans cet ouvrage un cadre présentant la pensée rose-croix telle qu’elle s’est développée au cours des siècles, et la façon dont elle pense devoir s’intégrer dans le monde d’aujourd’hui. Vous trouverez sur ce site de nombreux extraits de cet ouvrage.
Bienvenue au Collège Invisible de France.
*Éditions Aquilonia, 2023
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